Les enseignements 2022 - 2023
La section clinique de Bordeaux aura pour thème :
"Comment les symptômes s'articulent-ils aux fantasmes ?"
Première Session
Lecture du cours de Jacques-Alain Miller de 1982 - 1983
"Du symptôme au fantasme et retour"
Du 18 novembre 2022 au 24 février 2023
« J’ai donc mis l’accent sur une évidence, que c’est à partir du fantasme que Lacan aborde la fin de l’analyse, et que ça veut dire une chose très précise : c’est qu’il ne l’aborde pas à partir du symptôme… Ce qui n’est pas dit non plus, c’est qu’il s’agirait d’une levée du fantasme, d’une guérison du fantasme. Mais par contre, il m’a semblé possible de décrire à partir d’une expérience qui n’est pas très étendue, mais suffisante, à l’entrée dans l’analyse, la façon dont le symptôme se précipite dans l’accrochage au sujet supposé savoir. « Se précipite » dans les deux sens du terme, à savoir qu’il y a là, hâte du symptôme, et il y a aussi une cristallisation qui marque l’embrayage du symptôme sur le dispositif analytique. Alors, c’est là qu’il s’agit de poursuivre, pour moi, et c’est pourquoi j’ai annoncé comme titre, pour cette année, de ce cours comme programme : « Du symptôme au fantasme et retour ». Du symptôme au fantasme, c’est ainsi, me semble-t-il, qu’on peut qualifier l’orientation de la cure, et aussi bien, ça me paraît marquer le déplacement d’un accent dans l’enseignement de Lacan. »
Extrait du cours de J.A. Miller, L'orientation lacanienne, du 3 novembre 1982, Du symptôme au fantasme et retour
Deuxième Session
Symptômes, fantasmes et délires contemporains
Du 17 mars 2023 au 23 juin 2023
Ces trois termes définissent trois modes de défense du réel. On pourrait dire que le symptôme s’adresse au registre du symbolique, le fantasme au registre de l’imaginaire et le délire au registre du réel. Ce serait trop simple.
Le symptôme, en effet, est un élément de langage, un élément signifiant qui est à la fois une plainte et une satisfaction. Le symptôme est un nouage du réel et du symbolique, qui permet au sujet de se défendre du réel par le symbolique. La théorie du symptôme a évolué dans l’enseignement de Lacan et dans l’expérience analytique. Il faut l’entendre avant tout comme ce qui est la signature du sujet, son premier nouage entre le symbolique et le réel, le soc de son existence. Il relève de ce qui est le langage singulier, au-delà du langage commun.
Le fantasme est d’abord imaginaire, c’est un scénario, une pantomime. Mais il est important de donner toute sa valeur à l’inconscient dans le fantasme. Le fantasme est ce qui oriente la vie d’un sujet et ses répétitions inconscientes. Mais il n’est pas qu’imaginaire, il est une phrase, souvenons-nous de Freud et de son texte célèbre « on bat un enfant ». Toute la vie d’un sujet peut être orientée par cette phrase à condition de prendre en compte les divers sens que cela peut prendre dans sa vie.
Le fantasme est donc le moyen de se défendre du réel par un nouage de l’imaginaire et du symbolique. Lacan nous a appris que l’expérience analytique permet au sujet de se déprendre du fantasme, de s’en distancier, de le « traverser ».
« Tout le monde délire », mais il y a délire et délire : l’Œdipe est un délire, un délire prédéterminé, une interprétation du monde qui est une lecture partagée par tous ceux qui se reconnaissent dans l’Œdipe. Il y a des variétés d’Œdipe, il y a aussi l’en-deça et l’au-delà de l’Œdipe. Et il y a d’autres sujets, qui se positionnent souvent du côté de la psychose, qui n’ont pas une interprétation du monde ready made, qui ont à s’en fabriquer une, s’en bricoler une chacun à leur façon. Le délire est une interprétation nécessaire de notre rapport au monde et à l’autre.
Il est le sens que nous donnons à notre exil du sexuel.
Symptômes, fantasmes et délires, trois modes donc d’opérer avec le réel, pas sans lien entre eux.
Cours du jeudi
L’objet et ses pathologies en psychanalyse de Freud à Lacan
Du 24 novembre 2022 au 27 avril 2023
La relation d’objet occupe une place centrale dans notre vie quotidienne et dans les pathologies, c’est pourquoi l’objet est un concept indispensable dans la psychanalyse. Il y a beaucoup de domaine où la relation du sujet à l’objet se fait directement. De l’enfant à l’adulte, dans la traversée de l’adolescence, l’objet trouve des formes variées.
Freud l’a découvert sous la forme de l’objet perdu via la nostalgie qui lie le sujet à cet objet comme perdu, créant la marque d’une retrouvaille par une répétition impossible. On en mesurera les effets dans les symptômes que cette relation produit.
Nous aborderons, pas à pas, le concept de l’objet, sa fonction, son usage dans la clinique par ses multiples déclinaisons : l’exemple princeps du fort-da, l’objet transitionnel chez l’enfant et la séparation, l’objet de la phobie et l’objet d’angoisse, l’objet phallique entre être ou avoir, la problématique du choix d’objet dans la relation amoureuse, mais aussi l’élection de l’objet du désir et de la jouissance.
Le cours du Jeudi exposera aussi l’apport majeur de Jacques Lacan avec son invention de l’objet dit petit a, cause du désir : objet anal et oral, regard, voix, le rien. Ainsi, nous étudierons la place de cet objet dans le traitement analytique du deuil, de la dépression, du trouble de l’humeur, des psychoses, de la clinique des addictions, sans oublier les « lathouses » (J.Lacan), ses objets de la science qui nous rendent addict et modifient la subjectivité contemporaine.
Atelier de Psychanalyse Appliquée (APA)
Clinique des identifications
Du 3 décembre 2022 au 24 juin 2023
L’APA s’adresse à des personnes souhaitant pratiquer dans un des CPCT d’Aquitaine.
Il constitue une formation préalable à cette pratique et à cette clinique. L’atelier se tient le samedi matin de 10h à 13h au 26, rue du Hâ à Bordeaux.
Depuis l’identification du sujet à un désir insatisfait dans l’hystérie, jusqu’au poids de l’objet perdu tombant sur le moi du sujet mélancolique, Freud a montré que l’identification est un processus qui est multiple dans ses aspects, et se présente comme un processus. Ce qui la distingue de l’identité. Célébrée aujourd’hui sous sa forme fixe. Lacan a ordonné ce champ d’ abord en distinguant l’identification imaginaire de l’identification symbolique. En particulier l’identification d’ un trait unaire à la racine de l’Idéal du moi qu’il distingue du mode imaginaire du moi idéal. Lacan cependant ajoute une nouvelle identification, cruciale dans la clinique : l’identification à l’objet (a) cause du désir. Essentiel pour situer la fin de la cure et la position de l’analyste dans le transfert. Lacan finira son enseignement sur la perspective de l’identification au symptôme, parachevant la mise en avant de ce qui peut toucher au réel dans ce processus d’identification. C’est ce qui nous servira de fil rouge.